
M6, Bruno Cormerais, Meilleur Ouvrier de France, et Norbert Tarayre, chef cuisinier, ont posé cette semaine leurs valises en Bretagne pour leur émission "La meilleure boulangerie de France" avec notamment un premier duel qui s’est tenu lundi entre la "Maison Coupel" à Rennes et "L’Amour est dans le blé" à Retiers.
Et c’est au Roazhon Park qu’ont lieu les délibérations !
La Ligue 1 vient de publier les âges moyens des effectifs du championnat cette saison, après 24 journées disputées. Sans surprise, l'effectif rennais est le plus jeune de Ligue 1 cette saison, à égalité avec Reims.

Bruno Genesio le répète à l'envie depuis le début de saison : son effectif est jeune, voire très jeune. Un véritable choix politique des dirigeants rennais, qui souhaitent allier une confiance appuyée au centre de formation à leurs ambitions européennes. Et après 24 journées, le contrat est pour l'heure en passe d'être rempli : Rennes est 5e du championnat, en alignant l'équipe la plus jeune de Ligue 1 cette saison.
Une moyenne d'âge de 23 ans et 214 jours
Si le PSG a l'effectif le plus expérimenté du championnat, avec plus de 28 ans de moyenne d'âge, Rennes a l'effectif le plus jeune, à égalité parfaite avec Reims, pour une moyenne de 23 ans et 214 jours. La Ligue 1 publie ces chiffres ce jeudi, en intégrant à son calcul les joueurs ayant disputé quatre matchs minimum depuis le début de saison.
Une statistique pas franchement étonnante pour les Rennais, qui ont notamment aligné une ligne défensive composé de Doğan Alemdar (19 ans), Lorenz Assignon (21 ans), Warmed Omari (21 ans), Loïc Badé (21 ans) et Adrien Truffert (20 ans) tout au long du mois de janvier. Les débuts en pro récents des Ugochukwu, Tchaouna, Tel, Diouf et Abline, mais surtout la quasi absence de trentenaires dans l'effectif achève de faire baisser la moyenne d'âge des Rouge et Noir. Parmi les titulaires seuls Jonas Martin (31 ans) et Hamari Traoré, qui a fêté ses 30 ans le 27 janvier dernier, dépassent la barre symbolique des trois décennies.
La commission de discipline a sanctionné le Stade Rennais d’une amende de 20 000 € pour l’usage de fumigènes contre le Stade Brestois dimanche 6 février. Le bas de la tribune Mordelles est également fermé pour un match avec sursis.
Réunie ce mercredi 16 février, la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) a rendu son verdict. Le Stade Rennais a notamment été sanctionné suite à sa victoire dans le derby contre le Stade Brestois dimanche 6 février (2-0), durant lequel des fumigènes avaient été allumés en deuxième mi-temps, interrompant la rencontre durant quelques instants.
Le club écope ainsi d’une amende de 20 000 € d’amende, alors que le bas de la tribune Mordelles où se rassemble le Roazhon Celtic Kop (RCK) est sous le coup d’une fermeture pour un match avec sursis.
Blessé lors de la préparation pour les JO avec l’équipe de France Olympique, Jérémy Gélin se remet doucement mais sûrement de sa rupture du ligament croisé au genou gauche. Revenu à l’entraînement du stade rennais, son retour sur les terrains de L1 n’est plus qu’une question de jours. L’occasion de revenir sur les faits marquants de la carrière du défenseur de 24 ans.

Un précoce
Surclassé dès ses premiers pas sur un terrain de foot du côté de Pluguffan et de Quimper, Jérémy Gélin récidive une fois au centre de formation du Stade Rennais. Après deux années au pôle Espoirs de Ploufragan (tout comme un autre Finistérien bien connu : Romain Danzé), il intègre les « Rouge et Noir » à 15 ans. Après quelques mois avec les U17, sa formation s’accélère alors qu’il obtient une place chez les U19 à seulement 17 ans. En mai 2016, il signe son premier contrat professionnel au club pour trois saisons avant d’être lancé dans le grand bain par Christian Gourcuff puis d’être installé ensuite comme titulaire par Sabri Lamouchi.
Plus fort qu’un certain Ousmane Dembélé
Très prometteur au centre de formation, beaucoup d’espoirs sont placés en Jérémy Gélin. Sa performance pour la première édition de la Youth Cup n’y est d’ailleurs pas étrangère ! Il est remarqué à Monaco en étant buteur contre l’ASM, mais aussi face à l’Inter Milan. Le défenseur fait partie intégrante des trois victoires (la troisième face au Standard de Liège). Le Stade Rennais remporte la compétition et Jérémy Gélin est désigné Meilleur joueur ! Le tout, avec comme coéquipiers à cette époque Gerzino Nyamsi ou encore un certain… Ousmane Dembelé !
Une polyvalence avantageuse… ou pas
Comme beaucoup d’enfants, Jérémy Gélin est d’abord attiré par le but. Gamin, c’est au poste d’attaquant qu’il fait ses premières gammes ! Il redescend au poste de milieu défensif sous les couleurs de Quimper Kerfeunteun pour finalement s’installer en défense centrale avec le Stade Rennais. Avec son club formateur, il redeviendra numéro 6 une fois en Réserve. Un rôle qu’il aura l’occasion de parfaire également avec les équipes de France de jeunes. Dorénavant utilisé en défense, Jérémy Gélin peut toujours « dépanner » plus haut si besoin, comme sous Lamouchi ou lors de son prêt en Belgique, au Royal Antwerp. Son intelligence tactique compensant un certain manque de densité physique, sa place naturelle semble s’inscrire en défense centrale, idéalement à trois afin d’avoir ces quelques secondes précieuses pour soigner la relance.
Des légendes comme modèle
Deux postes pour deux modèles ! Côté milieu de terrain, Jérémy Gélin admire la classe et le beau jeu de la légende du Barça Andrès Iniesta. Difficile de contester ce goût pour l’unique buteur de la finale de la coupe du monde 2010, apôtre du beau jeu des plus belles années du club catalan, qui ne se releva jamais de son départ pour le Japon. Côté défenseurs centraux, le Quimpérois s’inspire de l’ancien Parisien Thiago Silva. Conscient de son manque de vitesse, Jérémy Gélin travaille ses points forts que sont l’anticipation et la relance. Des qualités évidentes lorsque l’on observe le défenseur Brésilien ! Un modèle que le Rennais aura l’occasion d’affronter et même de battre au Roazhon Park, lors de la deuxième journée de championnat de la saison 2019-2020, deux buts à 1. Ce soir-là, Jérémy Gélin fut même proche d’inscrire, d’une jolie talonnade, un but dans un stade en folie. Le poteau en décida ce soir-là autrement et laissa la gloire sur un autre joueur formé au club, un certain Eduardo Camavinga…
Un seul but, mais quel but
Si Jérémy Gélin a commencé le football en jouant attaquant, les qualités du joueur ne se situent pas vraiment devant le but adverse. « Mieux vaut la qualité à la quantité », l’adage lui sied même à merveille ! Un seul et unique but en professionnel avec le Stade Rennais, peut-être, oui, mais assurément l’un des plus beaux de la saison rennaise 2018-2019. Au stade Raymond Kopa, les « Rouge et Noir » sont mal embarqués, avec un 4-4 en prolongations face au SCO d’Angers (après avoir pourtant mené 3 buts à 1 à dix minutes du terme…) et la suite de l’aventure en coupe est plus qu’indécise. Puis l’éclair, avec la délivrance pour les Rennais, venue d’une sublime frappe du défenseur, à l’entrée de la surface de réparation à la 110e minute ! Un 5-4 épique pour un unique but héroïque, avec la suite de l’histoire que l’on sait, jusqu’à Paris et au Stade de France. Une coupe de France au palmarès, donc, auquel il aura apporté sa pierre, plus que fondamentale.

Il est le fruit d’un partenariat entre le Stade Rennais et le Stade Lamentinois, club deGuadeloupe. Jeanuel Belocian, tout juste 17 ans, a déjà signé son premier contrat professionnel avec le club breton. Engagé jusqu’en 2024, c’est un profil polyvalent : milieu de terrain sentinelle de formation, il évolue aujourd’hui en défense centrale. Sa maman, son frère Wilhem, athlète de haut niveau, ainsi que les membres du Stade Lamentinois, sont les invités du nouveal épisode de Scouting.Voir moins
Édouard Mendy, élu meilleur gardien du monde par la FIFA en 2021 et sacré champion d’Afrique avec le Sénégal il y a dix jours, vient de devenir champion du monde des clubs avec Chelsea. Il y a sept ans, le natif de Normandie, après un passage anonyme à Cherbourg, dans les championnats amateurs, était au chômage. Comment le destin hors normes de l’ancien Rennais a-t-il basculé vers la gloire ? Ses plus proches accompagnateurs dans la Manche racontent le début de l’histoire.
Champion du monde des clubs depuis le week-end dernier, et champion d’Europe. Champion d’Afrique. Élu meilleur gardien du monde par la FIFA en 2021. Même en rêve, le conseiller Pôle emploi d’Édouard Mendy, croisé au Havre il y a sept ans, n’aurait pas pu dénicher meilleur boulot pour le gardien aujourd’hui âgé de 29 ans.
« Il a été touché par la grâce ! » Ted Lavie en rigole. Cet ancien coéquipier et ami proche de Mendy à l’AS Cherbourg, lors de la saison 2012-2013, à une époque où le club manchois naviguait en National, était parti au Stade Bordelais, quand le portier sénégalais né en Normandie s’était retrouvé au chômage.
À deux doigts de devenir vendeur dans le prêt-à-porter
C’était l’été 2014. Cherbourg est rétrogradé administrativement en DH. Le contrat fédéral de Mendy est coupé. Son agent lui fait miroiter une porte de sortie en League One (3e division anglaise), puis arrête de répondre à ses messages.
Le natif de Montivilliers, dans la banlieue du Havre, retourne dans sa ville, auprès de sa famille et de ses cousins. Le HAC, qui l’avait congédié de son centre de formation en 2005, avant que Mendy ne traîne ses gants six ans durant dans le petit club des Municipaux du Havre (DH), lui permet de s’entretenir avec son équipe réserve.
Il passe huit mois au chômage, et Pôle emploi ne sait que lui proposer. « Il était beaucoup préoccupé par la naissance imminente de sa fille, il cherchait des solutions financières », se rappelle Ted Lavie.
Mendy a un Bac pro commerce. Un ami au Havre lui propose de devenir vendeur dans une boutique de vêtements. « En avril 2015, il était tout près d’abandonner le foot », raconte le président de Cherbourg Gérard Gohel. Mendy refuse une offre du club de Fleury-Mérogis en CFA, pour 900 euros par mois. « Je lui avais déconseillé et proposé de revenir à Cherbourg. Deux semaines plus tard, il était mis en relation avec l’OM. » La providence, sous la forme d’un coup de fil de Ted Lavie.
"J’espère que tu as de la batterie, et que là où tu es, tu captes !"
L’histoire est connue, mais les détails ne manquent pas de sel. « Je connais bien Dominique Bernatowicz depuis que je suis gamin, j’avais intégré le centre de formation de Bordeaux grâce à lui, raconte Lavie, ancien défenseur. Dominique était parti ensuite à l’OM, en tant qu’entraîneur des gardiens. On s’appelait régulièrement pour prendre des nouvelles. Un jour, il me dit qu’il cherche un gardien assez grand, mais qui va vite au sol. Je lui dis : ne bouge pas, j’ai ce qu’il te faut ! Crois-moi, celui que je vais t’envoyer, c’est un monstre ! Je raccroche. J’appelle Édouard. Je lui demande s’il continue de s’entretenir avec Le Havre. Je lui dis : tu vas recevoir un appel de quelqu’un, j’espère que tu as de la batterie et que là où tu es, tu captes ! Il me dit ok. Je rappelle Dominique. Je lui donne le numéro d’Edouard. Deux ou trois jours après, il était à Marseille pour faire son essai. »
Des virées entre potes au McDo ou au resto chinois. Des parties de Playstation lors des longues soirées d’hiver. Une visite l’été dernier, auprès des jeunes du club. « Deux semaines avant la finale de la Ligue des champions, fin mai, il m’avait téléphoné pour prendre des nouvelles, rembobine Gohel. Il me racontait être totalement noyé par tout ce qui lui arrivait ! Et il m’avait promis que sa première visite après la finale, ce serait à Cherbourg. »
Des essais avortés, 317 000 euros pour l’AS Cherbourg
Abdoul Kader Diabaté, qui défend toujours les couloirs du club manchois, dans le dur en championnat N3, abonde. « Édouard sait d’où il vient. Les galères, c’est ce qui lui a permis de devenir grand. Il a beaucoup appris ici pour arriver là où il est aujourd’hui. » En héritage, il y a ces 317 000 euros perçus par Cherbourg, au titre du mécanisme de solidarité pour un club formateur dans le cadre d’un transfert international, grâce à la vente par Rennes de Mendy à Chelsea pour 30 millions d’euros à l’été 2020.
Il reste, aussi, l’image d’un grand échalas « qui prenait déjà presque toute la cage » (Lavie), à la relance au pied encore approximative. Mendy était arrivé dans le Nord-Cotentin en 2011 comme 3e gardien, après un essai avorté à… Rennes. « Avant sa dernière saison à Cherbourg, pareil, il avait fait un essai à Istres, alors en Ligue 2, qui n’avait pas abouti », raconte Jérôme Le Moigne, son entraîneur des gardiens à l’époque.
Mendy fut remplaçant de Simon Lugier en National. Puis titulaire plus régulier en CFA, lors de sa dernière saison en 2013-2014. « Cela s’était un peu compliqué sur la fin, on encaissait des buts, on perdait des matches, et Nicolas Radovic lui avait pris la place, se souvient Abdoul Kader Diabaté. Cela ne l’empêchait pas de garder la banane, d’être ambianceur dans le groupe. C’était surtout un très gros bosseur. C’est son mental qui m’impressionnait le plus, avec sa grosse voix ! »
« Quelque part, son histoire peut faire mal à la jeune génération »
Ted Lavie : « A Cherbourg au début, c’était l’un des plus jeunes, il était un peu introverti, il parlait peu malgré son gros caractère. Là, quand je le vois à Chelsea, avec le Sénégal… Il mène les troupes, il s’impose. C’est sur sa prestance qu’il a le plus progressé. »
Jérôme Le Moigne se rappelle aussi des exercices de finition à l’entraînement. « Édouard ne refusait jamais le duel. Sur un ballon centré, non seulement il ne reculait jamais, mais au contraire, il s’avançait un mètre de plus que les autres. »
Mendy est devenu un modèle, malgré lui. « Quelque part, dit Le Moigne, son histoire peut faire mal à la jeune génération, car des joueurs non conservés dans les centres de formation, qui n’ont pas le niveau, vont entendre leur agent leur dire : « Regarde Mendy, il est passé par le chômage et il est à Chelsea… » Je ne doutais pas qu’Edouard puisse vivre du foot, en championnat national ou avec des contrats fédéraux. Mais de là à aller jusque-là… »
Gérard Gohel, pour finir : « Son évolution est très étonnante, entre réussite et humilité. Il fait partie des exceptions. Il m’a dit qu’il essayerait de revenir à Cherbourg si Chelsea rencontre le PSG en Ligue des champions. » Le chemin passera d’abord par Lille en 8e de finale, match aller dans une semaine à Londres.
Formé au Stade rennais, c’est en tant qu’éducateur que Cédric Vanoukia y est revenu, après une carrière pleine d’épreuves à laquelle l’ancien défenseur a dû mettre un terme pour problèmes cardiaques. Aujourd’hui en charge des U17, l’homme de 39 ans se sert de son vécu pour accompagner les jeunes du centre de formation. Entretien avec un passionné, avant tout.

Comment le Stade rennais est entré dans ta vie ?
Je suis Rennais, né à Rennes à la clinique de la Sagesse. La première fois au stade de la route de Lorient, mon père m’a emmené j’avais 7 ans. C’était un grand fan de foot. On avait gagné et j’avais perdu ma chaussure dans la foule, ça m’est resté. Mes parents ont déménagé en Guadeloupe, je jouais au foot (à l’Intrépide de Sainte-Anne, ndlr) et en continuant de progresser là-bas, en intégrant la sélection de la Guadeloupe ou en revenant en France, à chaque fois pour moi c’était Rennes. Quand je suis revenu en France, ma mère a appelé le Stade rennais. Elle a eu Philippe Bizeul, et lui a dit que j’étais capitaine de la sélection de la Guadeloupe, que j’avais des qualités et qu’elle voulait pour ma progression trouver le meilleur club. Philippe Bizeul lui a dit de me faire venir sur des entrainements U15, et qu’il prendrait une décision. Philippe m’a accepté, et mon histoire a commencé ici en étant demi-pensionnaire, en sports études au collège Jean Moulin. J’avais des retards sur le plan technique et tactique, mais j’avais une grosse volonté d’apprendre et de progresser. A la fin de cette saison, j’ai rattrapé ce retard et j’ai pu intégrer le centre de formation.
Ensuite tu as a connu une belle progression…
J’ai continué, j’ai été capitaine de l’équipe de France U16, U17, U18 jusqu’aux U19. Ici j’ai eu Philippe Bizeul en U15, et Landry Chauvin en U17. De U17, j’ai sauté en réserve, et suis devenu capitaine, avec Bertrand Marchand. J’ai intégré par la suite le groupe pro de Paul Le Guen, et quand il s’est fait virer, je n’ai pas signé mon contrat pro. Ça m’a fait mal et je suis rentré un peu en conflit avec le manager général de l’époque, Gérard Lefillatre. J’ai choisi d’être prêté à Brest.
L’histoire s’arrête à ce moment-là avec le Stade rennais. Comment s’est déroulée la suite de ta carrière ?
Je suis resté 3 ans à Brest, on est montés en Ligue 2. Je restais attaché à Rennes, à mes coéquipiers notamment Etienne Didot, Sébastien Puygrenier, Steven Pelé, Makhtar N’Diaye, Gaël Danic. J’ai pris une grosse claque de partir, je ne l’ai pas bien digéré. Je pars ensuite à Cannes et les blessures ont commencé à arriver. Au moment où je me remets, je dois partir aux Etats-Unis, et entretemps je suis sélectionné avec la Guadeloupe. Je me blesse avec eux (fracture de la mâchoire), et je reviens à Rennes. Je n’ai pas de club, et pour me remettre dans le bain, je signe à la Vitréenne, en CFA. Je m’engage ensuite avec l’US Quevilly, où j’ai croisé deux fois la route du Stade rennais.
Quels souvenirs gardes-tu de ta formation au Stade rennais ?
C’était une formation d’élite, de qualité déjà à cette époque. Notre outil de travail n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui. J’y ai tout connu, je retiens un sentiment de puissance, très positif, où tout me réussissait parce que je travaillais. Le Stade rennais m’a permis de franchir des étapes, et de passer d’un garçon sortant de la Guadeloupe à un des meilleurs de sa génération ayant intégré le groupe pro. Ça me fait penser à Jeanuel Belocian, mais il a beaucoup plus de qualités que j’en avais. Ici on m’a donné une formation de qualité, on m’a permis de progresser, de gagner en confiance. On m’a aussi structuré sur le plan scolaire et social car j’habitais le quartier, au Blosne avec toutes les tentations et mauvaises fréquentations qu’il y a. Si je n’avais pas connu le Stade rennais, je ne sais pas où je serais aujourd’hui. J’ai beaucoup de potes de quartier qui ont dévié.
Tu as vécu l’arrivée de François Pinault au club. As-tu observé un changement immédiat ?
J’étais jeune, et j’ai joué avec les recrues Fabiano, Turdo, Severino Lucas. On commençait à intégrer les jeunes comme Makhtar N’Diaye, Cyril Yapi, Gaël Danic, Jean-Félix Dorothée. Anthony Réveillère était là aussi. Quand Monsieur Pinault est arrivé, les jeunes ont commencé à signer de plus en plus. C’est l’image que j’en retiens.
Tu as ensuite dû quitter le club. Comment digérer ça, combien de temps faut-il ?
Jusqu’à ce que je revienne ici en éducateur, je crois. Toute ma carrière ça m’a suivi. Grand espoir, j’aurais pu faire une autre carrière que celle que j’ai faite. A chaque fois je me suis blessé, ou le cheminement a été le même, comme à Brest lorsqu’on monte en Ligue 2. A chaque fois j’ai revécu les mêmes situations sauf quand j’ai été dans le monde amateur. C’est à Quevilly que j’ai vécu mes plus belles émotions footballistiques, là il y a eu un lâché prise. Mes rêves de carrière professionnelle, j’avais fait une croix dessus. Mais jusque là, il y avait un goût d’inachevé, car j’avais le potentiel.
Comment est-ce qu’on continue à jouer au foot en ayant enterré ses rêves ?
Parce que je suis passionné, car je me dis que j’ai fait des erreurs et qu’il faut les assumer, ne pas rejeter la faute sur les autres. Il y a eu une remise en question, et c’est pour ça que je suis là aujourd’hui, que je dois conseiller les garçons pour qu’ils ne fassent pas les mêmes erreurs que j’ai pu faire, qu’ils soient accompagnés du mieux possible pour atteindre leur rêve. Mais ça demande du travail et là je suis intransigeant.
Tu as par la suite rejoint Quevilly et affronté le Stade rennais en coupe de France, deux fois (2010 et 2012, deux éliminations du SRFC). Comment as-tu vécu ça ?
J’ai pu revoir beaucoup de monde. Au tirage, j’ai sauté. J’étais encore plus content que mes partenaires, on tirait une Ligue 1, et en plus mon club formateur. C’est assez paradoxal. Tu te dis que tu dois faire un bon match, pour rappeler au club que j’existe. Dire que j’ai été formé chez vous, et que je reste un bon joueur. Ce n’est pas un match comme les autres. C’est comme un derby, mais encore plus décuplé car c’est ton club formateur. Après c’étaient des épopées, l’émotion qu’il y a pour les clubs, on ne se rend pas compte, il faut vraiment le vivre.
"MA VIE A BASCULÉ"
En 2014, tu es contraint de mettre un terme à ta carrière à 32 ans, pour troubles cardiaques. Peux-tu nous raconter ces mois difficiles ?
Ça a commencé à Quevilly. Lors de tests médicaux à l’hôpital en avant-saison en 2010 (à 28 ans, nldr), mon électro-cardiogramme n’est pas normal. Le doc découvre une myocardite à l’IRM cardiaque, et me dit qu’il ne peut pas valider mon contrat. Je prends une grosse claque. J’appelle le doc du Stade rennais, Karl Chaory, qui me reçoit. On a refait des examens et il s’est avéré qu’une fois où j’étais malade, des résidus de virus se sont déposés sur mon myocarde. Mais je n’avais pas de troubles sur le terrain, rien. Ils ne voulaient pas me valider car il y avait un risque. En même temps, j’ai au téléphone mon ami Franck Ribéry qui voit que je ne vais pas bien. Je lui explique et il me dit de venir en Allemagne, qu’en repartant je saurai si je peux jouer ou non. J’ai été à Munich une semaine passer une batterie de tests au Bayern. Eux m’ont dit que c’était bon. J’ai dû faire traduire les documents qui étaient en allemand, et le Professeur Carré m’a donné l’autorisation. Les problèmes sont arrivés à mes 31 ans. A Noël, j’ai une angine blanche, et je fait une tachycardie. J’ai eu des troubles sur le terrain où j’ai continué à jouer, et j’ai pris des risques, étant ignorant. Mon coeur a été enregistré à plus de 300 sur le terrain. Arrêt de carrière. A partir du moment où on a su ce que j’avais, ma vie a basculé. J’ai commencé à être anxieux, les émotions ont fait que les tachycardies démarraient toutes seules, sans l’effort. Je me suis fait opéré, on m’a posé un holter. J’ai ensuite retrouvé une vie normale, j’ai passé mes diplômes et je suis revenu au Stade rennais, où Yannick Menu et Laurent Huard m’ont accepté.
Est-ce que tu comprends par exemple que Christian Eriksen ait choisi de re-signer dans un club (Brentford) après avoir connu des problèmes cardiaques lui aussi ?
J’étais un joueur de National mais grâce à mon réseau j’ai eu la chance d’être extrêmement bien accompagné. Eriksen est un grand joueur international, avec une équipe puissante autour de lui. J’ose espérer que les spécialistes autour de lui sont compétents et aient mis les conditions pour qu’il ne lui arrive rien. J’ai vécu ça il y a dix ans, la technologie a avancé également. Il y a dix ans, on ne l’aurait peut-être autorisé à reprendre.
Tu comprends qu’on puisse prendre ce genre de risques pour rejouer ?
Oui, car j’ai pris des risques aussi. Nous sommes des passionnés. En tant que footballeur, on se dit qu’on est tellement forts. Athlétiquement on arrive à faire des choses extraordinaires, on se dit que nous, il ne nous arrivera rien. A chaque fois qu’on se blesse, la seule chose qui nous intéresse est de revenir le plus vite possible sur le terrain. Avec le recul je ne prends pas de risques. Mais au moment où on m’a dit stop, j’ai cherché par tous les moyens à rejouer. Il fallait passer à autre chose, et ça a été difficile. Mais j’aurais fait comme lui, parce que j’ai pris des risques.
Est-ce qu’on sensibilise assez les joueurs sur ces problèmes ?
Le Professeur Carré justement, est sur un programme de mort subite du sportif. Avec Laurent Huard et d’autres personnalités on essaye de mettre en place des choses pour sensibiliser. Ça peut arriver à monsieur tout le monde. Aujourd’hui je ne prendrais pas de risques, la vie est beaucoup plus importante. Ici quand les garçons ont de la fièvre, pas de séance pendant 48h. Il y a un protocole. Avant, peut-être qu’on l’aurait autorisé. C’est l’intégrité physique des garçons, on n’est pas là pour les mettre en danger.
"LE PARCOURS QU’ILS FONT À VÉLO POUR VENIR, JE L’AI FAIT À PIED"
Tu es aujourd’hui en charge des U17. Arrives-tu à retrouver la même passion que lorsque tu étais joueur ?
Oui, mais différemment. Quand on est joueurs on est nombriliste, c’est notre performance individuelle avant tout. Là, il y a tellement de choses à penser. Il faut créer un climat de confiance, d’apprentissage. Tout ça avant, franchement, je m’en fichais. Là, on doit prendre en compte les émotions des garçons, comment faire pour qu’ils progressent. La passion est là, mais tu la vis différemment. En réalité je la retrouve le week-end sur les matchs. L’adrénaline est là, je ne peux pas la dépenser comme quand j’étais joueur, mais à travers les garçons, les enchainements travaillés en séance qu’on retrouve en match. Je me retrouve en tant que joueur. Même s’ils ne font pas tout bien, les intentions sont bonnes. Le cardiaque monte un peu, je retrouve des sensations (sourires).
Quels sont vos objectifs avec les U17 ?
Il ne faut pas oublier que ce sont des garçons qui arrivent au club. Ils arrivent d’endroits différents, donc il s’agit de leur donner l’identité du club. On a un projet de jeu, un cadre, les bases, avec la même identité de jeu. Après quand ils iront en U19, il faut qu’ils aient des repères communs. On doit aussi former des hommes, avec un cadre de vie pour que les garçons puissent avoir un comportement en adéquation avec les valeurs du club. On les connait, elles sont affichées partout. Parfois ce n’est pas facile pour certains, livrés à eux-mêmes chez eux. Vivre dans un projet collectif, en collectivité. Il faut leur donner outils pour donner un sens à leur projet. Ce n’est pas seulement dire, « ça y est je suis arrivé au Stade rennais ». Non. Qu’es-tu venu faire ici ? Quel est ton objectif ? Ça, mentalement sur une saison, c’est dur de le maintenir. Le travail augmente, l’intensité, la concurrence. Ils faisaient parti des meilleurs dans leurs clubs, ils arrivent ici, il y a autant de bons joueurs qu’eux. Ce n’est pas facile pour des joueurs de 15 ans. C’est pour ça qu’on met des choses en place comme des visites de la ville, de la Bretagne. Pour que des Adrien Truffert, Lorenz Assignon, Warmed Omari, quand ils vont chez les pros, le coach puisse être content de leur comportement, de la qualité de la formation. On met des activités en place, on crée des binômes pour que les joueurs se connaissent, pour créer de la cohésion et qu’on ne soit pas simplement centré sur soi. C’est à travers le collectif que le joueur va grandir. Notre objectif, c’est de donner un maximum de chances aux garçons d’atteindre leurs objectifs, pour qu’ils soient performants avec l’équipe professionnelle.
C’est également important d’avoir des anciens du club au sein des éducateurs ?
C’est une chance. Dans le groupe U17, il y a Aurélien Montaroup également, on a été formés au Stade rennais. Le parcours qu’ils font à vélo pour venir ici (du centre jusqu’à la Piverdière, ndlr), je l’ai fait à pied. Les messages ont une plus grande résonance. Ça je l’ai vécu, je l’ai fait avant eux. J’ai revu des professeurs, je sais la charge de travail qu’ils endurent avec la scolarité. Le trajet, je l’ai vécu avant eux. On s’accroche. Les demi-pensionnaires qui se lèvent, je l’ai fait aussi. Je prenais mon bus d’Italie pour venir ici. C’est dire, par contre qu’est-ce que tu veux faire ? Quels moyens tu te donnes pour atteindre tes objectifs et progresser ? Moi je mettrai 100% de mon énergie pour t’accompagner. Par contre il faut respecter le cadre. Je serai toujours là pour toi, tu vas faire des erreurs, ne t’inquiète pas. Par contre il ne faut pas les répéter.
Le foot a également beaucoup changé. Aujourd’hui les jeunes sont accompagnés beaucoup plus tôt, ils percent plus tôt.
Oui, ils sont repérés plus tôt, l’entourage peut être néfaste, les garçons sont beaucoup plus portés sur l’écran et vivent par mimétisme. La coordination est moins développée. Quand on était jeunes, on sautait partout en bas du quartier, maintenant ils ont une coordination des pouces beaucoup plus développée. Mais je trouve que la passion est là. Il faut leur donner un sens. Pendant les séances, il faut de l’émulation.
Est-ce qu’ils ne sont pas plus compliqués à gérer, que toi et ta génération à ton époque ?
Franchement je n’étais pas simple. A l’époque c’était compliqué pour Landry Chauvin et Philippe Bizeul. Il y avait de fortes têtes. J’étais jeune, je venais de quartier, j’avais un égo, des convictions. Ça chauffait, aux entraînements c’était compliqué, il fallait faire sa place. On avait les crocs. Là ils sont quand même assez gentils entre eux. C’est bien car l’ambiance de travail est bonne, mais un match de Ligue 1 ce n’est pas gentil. Il y a des contacts, de l’engagement, de l’agressivité, du vice. On sait que dans la mentalité, on doit les amener à avoir un petit surplus de caractère, peut-être.
Dans un entretien accordé à So Foot, Georginio Rutter est revenu sur son départ du Stade rennais il y a un an, pour Hoffenheim.

"Les pensées des entraîneurs, je ne peux pas vraiment les expliquer. Ça aurait pu être vrai ce que le coach Stéphan a dit, mais l’herbe est finalement plus verte à Hoffenheim ! On me fait plus confiance ici qu’à Rennes, je joue beaucoup plus, même si ma période là-bas était un peu plus courte." explique l’attaquant auteur de 6 buts et 5 passes décisives cette saison.
"Le projet de Hoffenheim me plaisait plus que ce que me proposait Rennes, et je devais faire un choix parce que j’étais en fin de contrat. Soit ils me mettaient au placard, soit je signais, soit je partais en janvier. J’ai pris cette décision, qui a été acceptée par le club. Je n’ai aucune dent contre eux, j’ai toujours des amis qui jouent là-bas et je leur ai dit que je leur souhaite le meilleur. C’est du passé désormais, je n’ai aucun regret."

Prêté toute cette seconde partie de saison au Havre, Matthis Abline était ce soir titulaire face à Bastia, et a inscrit son premier but, pour son troisième match avec le club havrais. Impliqué sur le premier penalty obtenu par le HAC, l’attaquant du Stade rennais a inscrit le second, à la 17e minute. Le Havre s’est par la suite incliné 2-4 sur son terrain face aux Corses.